La forêt noire.

A partir du tableau de David Caspar Friedrich, Le Soir, Irène a écrit une description de forêt, qu’elle a intitulée « La Forêt noire ».

Tout était silencieux dans cette forêt. Pourtant de temps en temps, un chant de grillons ou un craquement retentissait mais cela rendait l’atmosphère plus lugubre encore. Les sons étaient vides de vie et d’énergie, comme s’ils obéissaient à la foret. La forêt noire aux arbres fourchus et imposants. Un ruisseau invisible serpentait entre les montagnes feuillues. Leur tronc était magistral et leur racines, plus solides qu’un rocher, remontaient à la surface. Le ciel était illuminé par des nuages rosés, comme de la barbe à papa. Le reste était bleuté, comme la mer profonde et sans pitié, ou noir, comme l’encre d’un stylo fuyant la réalité. Le chemin escarpé ne menait nulle part. Les rochers se faisaient nombreux dessus et les herbes folles lui conseillaient de s’arrêter. Les buissons feuillus, autrefois bien entretenus, regorgeaient d’insectes et de trésors : des pierres aux formes originales, des pièces vieilles comme la Terre, des fossiles, des journaux abandonnés et même des restes de pique-nique… Des pousses de plantes mouraient doucement à cause des grands sapins, chênes, ou autres qui cachaient la lumière déjà rare. La maison et la vérité étaient de l’autre côté de cette forêt. Plus qu’à avancer un pas dans l’herbe fraîche et la terre mouillée : craquements de branches, hurlements de loups, vent glacial et souvenir mélancolique.

Toujours en écho à ce tableau, voici le beau poème en prose d’Aloysius Bertrand « La Pluie ». Ce poème, qui fera peut-être partie d’une de mes séquences de seconde l’année prochaine, a honteusement été qualifié par Irène d’ennuyant (sic).

La Pluie

Et pendant que ruisselle la pluie, les petits charbonniers de la Forêt-Noire entendent, de leur lit de fougère parfumée, hurler au dehors la bise comme un loup.

Ils plaignent la biche fugitive que relancent les fanfares de l’orage, et l’écureuil tapi au creux d’un chêne, qui s’épouvante de l’éclair comme de la lampe du chasseur des mines.

Ils plaignent la famille des oiseaux, la bergeronnette qui n’a que son aile pour abriter sa couvée, et le rouge-gorge dont la rose, ses amours, s’effeuille au vent.

Ils plaignent jusqu’au ver luisant qu’une goutte de pluie précipite dans les océans d’un rameau de mousse.

Ils plaignent le pèlerin attardé qui rencontre le roi Pialus et le reine Wilberta, car c’est l’heure où le roi mène à boire son palefroi de vapeurs au Rhin.

Mais ils plaignent surtout les enfants fourvoyés qui se seraient engagés dans l’étroit sentier frayé par une troupe de voleurs, ou qui se dirigeraient vers la lumière lointaine de l’ogresse.

Et le lendemain, au point du jour, les petits charbonniers trouvèrent leur cabane de ramée, d’où ils pipaient les grives, couchée sur le gazon et leurs gluaux noyés dans la fontaine.

One Reply to “La forêt noire.”

  1. « Ennuyant » ? Je crois surtout qu’Irène aurait pu l’écrire. Un sentiment de déjà-vu, de répétition peut-être ?

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